1er Extrait
Marguerite
sort de l'armoire une bouteille d'absinthe et quelques verres,
elle sort un instant et revient avec une carafe d'eau. Elle verse
l'absinthe dans les verres.
Marguerite: Voilà! Il n'y a plus qu'à ajouter l'eau! (Se
tournant vers le cercueil) Edmond! On ne va pas déroger à
la tradition, même pour ton décès! D'ailleurs, je suis
persuadée que tu vas apprécier!
Entrée de Georgette et Josiane.
Marguerite: (Parlant du Pasteur) Il est parti?
Josiane: Oui, par la porte d'en bas, il a d'autres visites à
faire.
Entrée de Tony
Marguerite: Comment l'avez-vous trouvé?
Tony: Il ne parle pas assez de Dieu! C'est la seule chose qui
importe. Toute chose, tout acte est géré par Dieu et lui seul!
Seul le seigneur...
Georgette: (Elle le coupe) ...Son idée de parler de la
fée verte penchée sur le berceau d'Edmond est excellente!
Josiane: Oui, il est brillant ce pasteur.
Marguerite: Et non seulement brillant, mais pas mal!
Georgette: Oui, c'est un joli garçon.
Josiane: Il doit avoir du monde au culte et un public plutôt
féminin, je pense!
Elles rient
Tony: Comment pouvez-vous rire dans des moments pareils! (Il
avise l'apéro) Qu'est ce que c'est que ça?
Marguerite: Nous allons réfléchir à notre problème comme le
fond les gens du vallon, derrière une petite bleue. (Elle
commence à verser tout doucement avec un filet d'eau de quelques
millimètres) Regardez comme elle trou-ble bien!
Tony: Vous êtes complètement cinglées! C'est absolument
interdit!
Marguerite: Mais pas du tout! Il est interdit de la fabriquer et
de la transporter, pas de la boire! C'est comme ça! Hein, les
filles? Et celui qui l'a fabriquée et transportée, il est là!
Donc, et c'est le moins que l'on puisse dire, on ne risque rien! (Elle
continue à verser).
Tony: Mais c'est un breuvage du diable, arrêtez ça! (Il est
retenu par les deux autres).
Georgette: Tut...! Tut...! Tut...! Ne te mêle pas de ça! Si tu
ne veux pas y toucher, prépare-nous le repas, il y a des pommes
de terre à la cuisine, va nous faire des röstis.
Josiane: Hé! Ça va nous ouvrir l'appétit!
Tony: Mais, je ne sais pas faire la cuisine!
Marguerite: Tu ne veux pas boire l'apéro! Tu ne sais pas faire
la cuisine! En somme, tu ne sers à rien ici!
Georgette: Alors, va chez le traiteur et ramène-nous un repas
tout préparé. Ça tu peux le faire!
Tony: Et avec quel argent?
Marguerite: En plus il est sans le sou! Mais qu'est ce que j'ai
mis au monde!
Josiane: Il y a de l'argent, dans un porte-monnaie, dans le
secrétaire, prends-en un peu.
Tony se sert avidement et sort. Josiane dispose de petits salés.
Marguerite: Bon, les filles, nous allons mettre au point un plan
de bataille! Mais d'abord, santé! (Elles entrechoquent les
verres et boivent. Marguerite vide son verre d'un coup).
Marguerite: Haaaa!...
Georgette: Cul-sec! Et bien, Marguerite, tu y vas fort!
Marguerite: Ça fait du bien! Ça faisait longtemps! J'avais
pres-que oublié ce goût! Ça réveillerait un mort!
Josiane: (Émue, et qui a juste trempée les lèvres)
Moi, c'était avant-hier.
Georgette: Alors, ce plan? En somme notre principal problème
c'est de récupérer les actions auprès de Mûrier? Non?
Marguerite: Ne vous inquiétez pas, Albert je m'en charge!
Josiane: Vous... Vous vous connaissez?
Marguerite: Heu... C'est un bon ami d'Edmond, un vieil ami...!
Admettons que je récupère les actions. On ne pour-rait pas les
négocier sur le marché? Elles doivent valoir une fortune!
Josiane: Tony m'a expliqué qu'elles ne sont pas négociables.
Elles sont là uniquement pour justifier un capital d'entreprise.
Georgette: Comment cela, une action peut toujours être vendue,
à un moment ou un autre.
Josiane: Pas celles-là! Leur valeur est alimentée par le
mar-ché illégal et c'est sur la base de ce capital que la
société existe. Cela attire les investisseurs lé-gaux qui font
fonctionner réellement l'entreprise. Ensuite, le chiffre
d'affaires issu des affaires traitées est blanc comme neige, si
je puis dire. La-vé en quelque sorte!
Marguerite: Hé! Hé! C'est bien ce que je disais. Depuis le
temps que ces actions sont dopées au marché noir, elles doivent
valoir une sacrée fortune!... Ça vous fait rien si je me sers
une rincette?
Georgette: Fait comme chez toi! (Marguerite en prépare une
deuxième). Mais pourquoi ces actions sont-elles en
possession d'Edmond?
Josiane: Je pense que cela fait sérieux d'avoir parmi ses
ac-tionnaires un homme comme Edmond, un ancien ban-quier.
D'ailleurs, il ne doit pas être le seul per-sonnage qui fait
sérieux dans les actionnaires de cette société.
Georgette: Et pourquoi les livraisons d'absinthe? Car il en a
livré des centaines de litres à cette société.
Josiane: Tony pense que cela se justifie comme le paiement d'une
sorte de dividende. La vente de cette absinthe étant encaissée
par la mafia en tant qu'autre source d'argent sale qui peut
générer la diffusion d'autre actions et ainsi de suite.
Georgette: Incroyable! Mais où vont-ils chercher tous cela!
Josiane: Dans la prostitution, la drogue etc...
Georgette: Brrr!... Cela fait froid dans le dos!
Marguerite: Ah non! Moi je serais plutôt réchauffée. (Elle
fait quelques mouvements sans rapport avec son âge). Ok!
Alors! Je récupère les actions auprès d'Albert, nous
embobinons Mollo! On négocie les actions au prix fort! Et le
tour est joué!
Georgette: Bon plan! D'accord... D'accord, tu te charges
d'Al-bert! Enfin... Monsieur Mûrier! Mais comment ama-douer
Mollo?
Josiane: J'ai ma petite idée là-dessus! Tu as bien dis que
Lesly et Antonio... heu... Ont échangé quelques regards?
Georgette: Ah non! Pas ma fille!
Marguerite: On pousse Lesly dans les bras d'Antonio! Voilà une
idée qu'elle est bonne!
Georgette: Je refuse de mêler ma fille à cette affaire!
Josiane: Nous ne demandons pas cela, mais si Antonio s'éprend de
Lesly et que nous parvenions à le mettre dans notre poche, le
problème des actions deviendra son problème!
Marguerite: Génial! (Elle se lève et s'approche du
cercueil, des sanglots dans la voix) Tu vois Edmond, on va
les blouser!
Georgette: (Elle s'approche, émue elle aussi) Ce pauvre
Edmond, s'il savait.
Josiane: (Qui s'approche à son tour) Cher Edmond, s'il
nous voyait!
Les trois, enlacées, émues et déjà éméchées, leur verre à
la main.
Josiane: Comme il est beau!
Georgette: C'était quand même un sacré mec!
Marguerite: À ton bon coup! (Elle lève son verre)
Les trois ensemble:
Santé Edmond! (Dans une petite bousculade, un peu d'absinthe
gicle sur le visage du mort).
Josiane: Oh! Il a reçu un peu d'absinthe sur le visage, il faut
essuyer cela!
Marguerite: Non! Laisse! Ç'est bien comme ça!
Tony: (Qui passe la tête par la porte du couloir) À
table!
Elles posent leur verre et sortent.
Noir
2ème Extrait
Le cercueil est fermé. Entrée de Lesly suivie d'Antonio.
Antonio: Che bella ragazza, com'è bella! (Trad: Quelle jolie
fille, qu'elle est belle). (Il tente de l'enlacer)
Lesly: Oh! Mister Mollo! Please! (Elle rit, elle tente de se
dégager, il insiste)
Antonio: Come si può resistere a una ragazza cosi bella?
(Trad:Comment peut-on résister à une aussi jolie femme).
Entrée de Georgette.
Georgette: Qu'est ce que c'est que ce vacarme, s'il vous plait. (Elle
montre le cercueil). Il... Il y a un mort ici!
Antonio: Si... Si... (Il se rajuste). Ha le azioni?
(Trad: Vous avez les actions?)
Georgette: Heu... Le... Le azioni... Les actions... Pas encore!
Comment le dire en Italien?
Antonio met la main dans son veston.
Georgette: (Angoissée tout à coup). Heu... Heu...
Voulez-vous boire quelque chose? Connaissez-vous l'absinthe?
Antonio: Absinthe? (Elle lui fait sentir). Ah! Rosolio!
Georgette: Oui!... C'est une sorte de Rosolio.... En plus
com-pliqué. (Elle en prépare trois). Il y a une douzaine de
plantes là-dedans! (Il fait signe qu'il ne comprend rien).
Oui... Bon!
Antonio: (À Lesly) Signora, com'è bella! Ah! Peccato
che non possiamo parlare! (Trad: Comme vous êtes belle
made-moiselle... Ah! Quel dommage qu'on ne puisse se par-ler).
Georgette: Heu... Santé! (Elle lève son verre devant
Antonio). À votre bonne santé!
Ils boivent tous les trois.
Georgette: (Tremblante) Heu... C'est... C'est bon?
Antonio: Se sapesse che belle lingue é l'italiano per
es-priembre le sentimenti... (Trad: Si vous saviez à quel point
l'italien est une belle langue pour ex-primer mon émotion)... (Après
un léger trouble, il continue soudainement en français dans un
terrible accent Neuchâtelois ou accent Suisse-) ...
...Et vous présenter mes hôômmages... Heu... Mais qu'est ce
qui se pââsse?
Lesly: (Avec le même accent) Mais qu'est-ce que tu dis
An-tonio?
Il regarde Lesly, puis le verre d'absinthe.
Antonio: Alors ça! C'est plus fort qu'le Roquefort.
Lesly: Qué! Dis-oir, (Mais dites donc) on se comprend!
C'est la meilleure! (Ils boivent régulièrement)
Georgette: (Stupéfaite) Encore un événement
extraordinaire! Dé-cidément, c'est la cour des miracles, ici!
Lesly: Dis donc Antonio? Quelle prestance! (Elle rajuste sa
cravate). Les Italiens sont toujours bien nippés! Qué?
Antonio: Lesly! Tu sais que t'es vraiment bien, alors super
chouette! T'as des yeux comme des émeraudes. Ça m'plait (me
plaire) beaucoup! C'est quand même bien qu'on puisse s'causer
(se parler)! Tu viens du bas?
Lesly: Ouais, ouais! Je viens bien d'en bas! Pasque (parce que)
je viens d'Angleterre!
Antonio: D'Angleterre dis-oir (raconte)?
Lesly: L'Angleterre, oui! Je n'y suis pas née, mais j'y suis
arrivée toute petite. Mon père, que j'adore, m'y a élevée.
Antonio: (Étonné) Ah!... Ton vater (père), c'est
pas?... (Il regarde le cercueil).
Lesly: Mon vater c'est un anglais, un vré (vrai) Avec des
moustaches qui lui remontent jusqu'aux oreilles. Il ne dit jamais
rien sans réfléchir jusqu'à ce que le soleil se couche.
Antonio: Ben l'mien, c'est un vré rital! Avec des moustaches
aussi, mais dans l'aute (l'autre) sens! On dirait les chutes du
Niagara! Il est tellement p'tit (pe-tit) que quand il pose sa
cigarette, il pourrait di-rectement l'écraser avec les pieds
dans le cendrier! Mais c'est un nerveux, hein!
Lesly: (Elle rit) ...Le mien, il finit toujours ses
phrases par... "How!"
Antonio: ...Et le mien il finit toujours par... "Ma!"
Avec les cinq doigts ensemble pointés vers le ciel.
Lesly: C'est chouette qu'on se soit rencontrés, qué!
Antonio: Ah ça! Pour être chouette!
Lesly: Attends! J'ai des photos, je vais les chercher! (Elle
sort).
Georgette: Heu... Encore une petite? (Elle montre son verre).
Antonio: Ben ouais! Allons-y! (Elle prépare à nouveau les
absinthes).
Entrée de Tony.
Tony: Heu... Bonjour monsieur Mollo!
Antonio: Sâlut! Ç'est comment d'jà? (Déjà) (Il lui
demande son nom).
Tony: (Surpris, à Georgette) Il... Il a vite appris le
français!... Heu... Moi c'est Tony!
Antonio: Sâlut Tony... (Soudain sérieux) Désolé pour
ton père, toutes mes condoléances.
Tony: Mon père? Ah oui!... Heu... C'est une triste his-toire.
Dieu l'a repris à lui comme il nous reprendra tous... Enfin, je
veux dire le plus tard possible!
Antonio: Comme tu dis, le plus tard possible!
Tony: Heu... Georgette, il y a un problème à la cuisine,
pourrais-tu donner un coup de main?
Georgette: Sans problème! Je te laisse t'occuper de Monsieur
Mollo. (Elle sort).
Tony: Oui... Oui, oui! Monsieur Mollo? Je profite du fait
inexpliqué et remarquable que nous nous comprenions, pour vous
demander, si cela ne heurte pas votre sensibilité naturellement,
de vous demander s'il vous est possible de donner des
éclaircissements sur votre présence parmi nous?
Antonio: Pardooon?
Tony: Oui... Vous êtes là pour quelle raison?
Antonio: Ah! Ouais! C'est pour une histoire d'actions. J'ai un
chef qui voudrait absolument que je les récupère.
Tony: (De plus en plus inquiet) Ah oui! C'est bien ce
que je pensais.
Antonio: Par tous les moyens, qu'il m'a dit.
Tony: Ah bon! C'est... (Il regarde le veston d'Antonio)...
C'est bien ce que je pensais.
Antonio: Ou'oyez, (vous voyez) il y en a un gros paquet. Et d'pis
(depuis) l'temps elles sont passées de cent francs à dix mille.
Comprenez?
Tony: Ah bon! C'est bien!... Bien... Bien... Bien ce que je
pensais!
Antonio: Maintenant, on a bien pensé qu'ça vous embêterait de
les lâcher... Hein? Mais comme il signore Paillon... Mais qu'est
ce que je dis moi?... Monsieur Paillon il est décédé, on veut
pas que ces papiers se re-trouvent sur la place publique. Oiyez!
(vous voyez?). Faudrait pt'être (peut-être) trouver un
arrangement!
Tony: Ah oui! C'est bien ce que je pensais!
Antonio: Et pis (puis) vite! Pasque (Parce que) si je ne donne
pas de nouvelles, il y a trois copains qui sont prêts à partir!
Tony: Ah bon! C'est... C'est bien ce que je pensais!
Antonio: Mais y (il ne) faut pas vous faire de soucis! Pre-nez-en
une aussi, on va faire santé! (Il lui tape dans le dos).
Tony: Moi? Boire ça? Ah non?
Antonio: (Il pose négligemment sa main sur son cur)
Mais vous pouvez me croire, c'est excellent!
Tony: Oui... Il paraît!
Antonio: Vous n'allez pas mourir? Hum... Essayez!
Tony: (Mort de peur) Heu... Oui... Ap... Après tout je
vais essayer! (Il lève le verre de Lesly)
Antonio: À la vôôtre!
Tony: (D'une petite voix)... Santé!... (Ils boivent
une rasade).
Antonio: Vous voyez! Vous êtes toujours vivant! (À ces
mots, Tony pose son verre et s'écroule dans un fauteuil,
évanoui. Après un moment de surprise, Antonio lui tapote la
joue). Ben mon vieux. Réveillez-vous! C'est pas de l'alcool
de mauviette! (Il ouvre la porte du couloir) Hé! Ya (il
y a) Tony qui se sent mal!
Georgette: (Elle entre) Il.... Il est...
Antonio: Il a voulu boire vot'truc! (Vôtre truc) Ça l'a
assommé!
...
3ème Extrait
Tony: Ouais! C'est tout de même risqué et compliqué.
Edmond: Je n'ai pas dit que c'était simple. Croyez-moi,
distiller de l'absinthe est un sacré boulot, je dirais même un
boulot sacré!
Josiane: Et il faut cuire tout cela pendant combien de temps?
Edmond: Jusqu'à la blanquette... Enfin entre cinq et six heures
après le début de la distillation, c'est-à-dire environ sept
heures. Pendant la cuisson, vous pouvez déguster l'absinthe, le
résultat. Celle-ci s'écoule lentement du serpentin mais
attention, elle sort à septante-cinq degrés! Il est conseillé
d'avoir un bon gosier, pour y résister, sinon!
Tony: Et comment régler le feu?
Edmond: Voilà une bonne question! C'est aussi un de mes se-crets
de fabrication car la puissance du feu et la qualité du
refroidissement détermine le débit de sortie du nectar. La
température de refroidissement doit être constante d'où
l'importance de la force du feu et du débit de l'eau.
D'ailleurs, le débit de sortie du liquide final est aussi garant
de la qualité du produit. Le débit et l'index, voilà deux des
nombreux trucs à savoir pour réussir une bonne couètche.
Josiane: L'index? Quel index?
Edmond: Tu es droitière? Alors je dirais l'index de la main
droite.
Tony: Que vient faire un index dans cette histoire?
Edmond: C'est aussi indiqué dans mon testament.
Josiane: Et c'est quoi, cette... Blanquette, dont tu as parlé?
Edmond: Eh bien, après plusieurs heures de cuisson, il s'agit de
bien observer l'apparition d'un liquide blanchâtre qui annonce
la fin de la distillation. C'est la blanquette. On en tire
quelques décis que l'on met de côté. Avant cela, on en laisse
un peu couler dans l'absinthe, quelques décis pour compléter le
goût du breuvage final. J'ai oublié de te le dire, mais la
blanquette sortie d'une cuite est utilisée dans la recette de la
suivante. Mais vous lirez cela bien assez tôt.
Tony: Il y a encore quelque chose qui me chiffonne. Tu dis que
l'absinthe sort à environ septante cinq degrés, mais au
départ, on a mis de l'alcool à nonante six degrés. Où est
passée la différence?
Edmond: Les anges! C'est leur part!
Tony: Les anges, tu dérailles?
Edmond: Quand on distille, en regardant bien, on peut les voir
là-haut, très haut! Ils se rassemblent et ils prennent leur
part, la part des anges! Mais je me demande si c'est bien les
anges qui se servent. C'est peut-être leur chef en fin de
compte.
Tony: Là, tu blasphèmes!
Edmond: Non. Dans toutes les distillations les pertes sont
appelées "la part des anges". L'absinthe ne fait pas
exception, voilà tout.
Josiane: Ah! J'aime mieux ça!
Tony: Et... Où est-il cet alambic?
Edmond: Ça, c'est le secret le mieux gardé de toute cette
histoire. Il s'agit de l'élément primordial de la fabrication.
Il ne doit absolument pas tomber entre de mauvaises mains, celles
de la s'crète, bien sûr.
Josiane: Où le caches-tu? Je ne l'ai jamais vu.
Edmond: Ce secret est aussi indiqué dans mon testament.
Tony: Mais alors, il a disparu avec le secrétaire!
Edmond: Oui. Et je n'y avais pas pensé. Il faut le retrouver!
Quelle idiotie d'avoir vendu ce meuble. Il me faut l'adresse de
l'acheteur et vite!
Josiane: Je vais voir cela avec Marguerite, il me semble qu'elle
le connaissait. (Elle sort).
Edmond: Et qu'est ce que tu dirais d'en boire une petite?
Tony: Bon! Je crois qu'après cette explication, je vais devoir
m'exécuter et si c'est pour te faire plaisir.
Edmond: (Il verse deux absinthes) Vois-tu fiston,
quelque soit l'issue de cette histoire, je ne regrette rien. J'ai
bien vécu et j'ai fait de mon mieux. Si la dis-tillation m'a
réussi mieux que la banque, c'est parce que j'ai travaillé avec
honnêteté et sans vo-lonté de profit.
Tony: Oui, mais c'est tout de même un défi à l'autorité.
Edmond: (Il lève son verre) Oui! À la santé de la
s'crète!
Tony: À la tienne! (Ils boivent).